Dimanche a commencé calmement du côté de la Cité internationale. Quelques dizaines de spectateurs se pressent au MAC pour les Early Works de Trisha Brown. Mais déjà, certains esprits pensent à l'étape suivante. C'est le cas d'Alex Neoral. Le chorégraphe brésilien, habitué du carnaval de Rio, compte bien se divertir pendant le Défilé, avant son retour au Théâtre de la Croix Rousse aux environs de seize heures.
Direction la Presqu'île. Elle a le Rhône sur sa rive gauche, la Saône sur sa rive droite. Elle aura le temps d'un après-midi son troisième fleuve, Le Défilé, rue de la République. A sa source, place des Terreaux, les centaines de participants, déjà tous maquillés et en costumes, s'impatientent. Après plusieurs mois de répétitions, l'aventure touche bientôt à sa fin, ce qu'Isabelle du groupe Envol'émoi regrette déjà... Raison de plus pour défiler avec entrain tout le long du parcours..
A quatorze heures trente, les vannes cèdent enfin sous le poids de l'excitation des tambours et trompettes qui s'agitent. Place à une déambulation longue de mille huit cent mètres. A hauteur de la rue Edouard Herriot, le débit de couleurs croît déjà, avec l'immersion dans le cortège des chars, tous plus farfelus les uns que les autres... Un immense gâteau délicieusement crémeux, une 2CV à la couleur rouge éclatante, un manège à jouets déglingués... Et puis du ciel vient s'ajouter une pluie battante mais légère de cotillons fuchsia. Araignées géantes sur pattes ou échassiers roses fluos, ils se laissent tous emporter dans le tourbillon du Défilé. Le courant s'intensifie et sans ponts ni passages souterrains, il devient totalement dangereux d'oser franchir le Défilé d'une rive à l'autre.
A hauteur de la place de la République, le fleuve rencontre son premier méandre. Ici même, le Printemps dévoile une toute nouvelle vitrine d'humains, dressés sur le rebord des vitres pour ne rien perdre du spectacle. D'autres grimpent sur des poubelles et cabines téléphoniques ou même sur leurs tabourets et escabeaux ramenés depuis chez eux... On aperçoit aussi des têtes perchés aux fenêtres habituellement vides des immeubles de la rue de la République. Le public semble séduit. Une journaliste de France Culture s'avoue surprise par ce Défilé finalement émouvant avec sa dimension intergénérationnelle et multiculturelle et abouti dans certaines chorégraphies et costumes.
Aux alentours de seize heures trente, les derniers flots de danseurs quittent la place des Terreaux. Place à un autre cortège: celui des véhicules d'entretien, qui avancent à mesure que le Défilé atteint son estuaire, la Place Bellecour. Mais la fête ne touche pas encore à sa fin. Explosion de joie avec les percussions endiablées de la centaine d'enfants de la Bateria. Quelques déceptions aussi. Des participants regrettent d'avoir raté quelques uns de leurs placements et mouvements pendant le Défilé. Ce n'est pas si grave. Danseurs amateurs ou danseurs d'une journée, il ont fait preuve de bravoure en dansant en quelques heures devant trois cent mille spectateurs, chiffre pharaonique rarement atteint par la majorité des danseurs confirmés... Et puis que la danse continue avec la Tarantelle! (imaginée notamment par Mourad Merzouki et Annick Charlot)
L'après-midi s'achève. Direction le soir l'auditorium pour, dans un tout autre registre, le Political Mother de Hofesh Shechter. On en oublie le défilé jusqu'à découvrir, en rentrant chez soi, des cotillons roses, qui ont eu la malice de se glisser dans nos affaires.
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Photo: Stéphane Rambaud, rassemblement à 18h30 place Bellecour dimanche 12 septembre
Ci dessous, Cie Ces Temps Cie par Cyril Puig